Aphrodite, déesse de la beauté et de l'Amour
L'Amour avec un grand « A ». Voilà bien un sentiment qui débute les plus grandes histoires, en bien ou en mal. Qui ne connaît pas Roméo et Juliette, Tristan et Yseult, Marc-Antoine et Cléopâtre, Genièvre et Lancelot, Brunehilde et Siegfried, Joséphine et Napoléon, etc. De grandes histoires qui ont commencé par ce qu'on appelle un sentiment « noble » mais qui n'est pas infaillible face à la Discorde.
Comme tous sentiments qui dictent parfois nos actes sans raisons, les Anciens l'ont représenté par une divinité. Et comme c'est évidemment un sentiment très répandu, on retrouve cette divinité de l'amour partout dans le monde. Appelée Astarté chez les Phéniciens, Ishtar en Assyrie, Mylitta ou Ninlil à Babylone, Al-Lat en Arabie saoudite, Hathor en Égypte, Freyja en Scandinavie ou encore Xochiquetzal chez les Aztèques. Mais sa représentation la plus connue pour nous, occidentaux, reste la divinité grecque Aphrodite, alias Vénus chez les romains. Et la déesse de la beauté et de l'Amour a elle aussi succombé à la tentation et participé à forger des légendes !
Sa naissance. Déjà ici nous faisons face à deux écoles. Homère la présente comme fille de Zeus et de Dioné (Iliade, V, 312), mais Hésiode en fait la fille d'Ouranos, née de son sexe tranché et jeté dans l'écume de la mer par Cronos (Théogonie, 185-206) et serait arrivée sur les rives de Chypre avant de rejoindre les dieux. Platon, lui, accepte les deux mais distingue deux Vénus :
« Qui doute qu'il n'y ait deux Vénus ? L'une ancienne, fille du Ciel, et qui n'a point de mère : nous la nommons Vénus Uranie. L'autre plus moderne, fille de Jupiter et de Dioné : nous l’appelons Vénus Populaire. » Le Banquet, VIII, 180
Pourquoi faire deux distinctions ? Parce que l'amour est multiple. Il y a celui « qui vient du cœur », celui avec ces histoires d'âmes-sœurs, celui avec un grand A. Celui pour lequel vous changez de vie. Et il y a l'autre. Plus débauché. Plus physique. Que physique même.
Aphrodite fait donc parti des dieux, et quelque soit la version elle fait partie des grandes divinités qui siègent sur l'Olympe. La déesse de la beauté est mariée à Héphaïstos, le dieux forgeron et boiteux, fils d'Héra. Mais Aphrodite, même mariée, connaît plusieurs amours, dont le plus connu reste son aventure avec Arès, le dieu de la guerre. Un jour où les deux amants se retrouvent, Hélios, le dieu solaire, les surprend et rapporte les méfaits des deux tourtereaux à Héphaïstos. Celui-ci décide alors de tendre un piège aux deux amants. Une fois que les deux se rejoignent dans le lit, le dieu forgeron lance un filet de sa conception et dont on ne peut s'extirper, sauf si Héphaïstos le décide. Il fait venir tous les dieux de l'Olympe pour montrer cette honte puis les libère. Aphrodite, honteuse, s'enfuit à Chypre tandis qu'Arès se dirige vers la Thrace. De l'union de la déesse de l'Amour et du dieu de la Guerre naîtront Eros (l'Amour), Antéros (l'Amour en retour) ainsi que Deimos et Phobos ( Terreur et Panique).
Mais ce ne sont pas les seuls enfants d'Aphrodite. De l'humain Anchise elle aura Énée, l'un des héros de Troie et surtout de l'Énéide. Une liaison avec Hermès donnera Hermaphrodite. De Dionysos elle aura Priape. Entre autres.
Elle est aussi protectrice et bienfaisante. Elle donne la jeunesse à Phaon, elle permet à Cinyras de vivre jusque 160 ans. Elle sauve Boutès fils de Téléon des sirènes. Elle surveille que rien n'arrive à Énée lors de la guerre de Troie. Et c'est elle qui a donné l'amour d'Hellène à Pâris en récompense de son choix pour lui avoir donné la pomme d'or, déclenchant ainsi la guerre de Troie.
Aphrodite peut aussi se montrer colérique et lancer des représailles contre ceux qui lui manquent de respect. Ainsi s'abat sa colère contre les femmes de l'île de Lemnos. Ces îliennes avaient délaissé le culte de la déesse, c'est donc pour cela qu'Aphrodite fit en sorte que ces femmes portent une odeur immonde. Conséquences, les hommes allèrent prendre d'autres femmes, mais les Lemniennes, abandonnées, n'étaient pas d'accord et tuèrent leurs anciens maris puis restèrent entre femmes.
La rose doit sa teinte rouge à Aphrodite. À l'origine elle était blanche. Pour connaître la raison de ce changement de couleur, il faut se reporter à la légende d'Adonis. Mais seul la fin nous intéresse ici. Lorsque Adonis, être aimé d'Aphrodite, fut mortellement blessé, la déesse accouru à lui, mais dans sa course, elle se piqua aux épines d'une rose. Son sang se répandu alors sur les roses alentour et donna donc cette couleur rouge.
Bibliographie :
COMTE Fernand, Les grandes figures des mythologies, éd. Larousse-Bordas, Paris, 2000.
GRIMAL Pierre, Dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine, éd. Presses Universitaires de France, 14éme édition, Paris, 1999.
HESIODE, Théogonie, la naissance des dieux, éd. Payot & Rivages, trad. Annie Bonnafé, 1993
HOMERE, L'Iliade, éd. Seuil, trad. BRUNET Philippe, Lonrai, 2010
WILKINSON Philip, Des légendes & des mythes, petit Larousse illustré, éd. Larousse, Paris, 2009.